C'est tout de même inquiétant quand on voit franchement ce que déjà l'effet de serre produit sur notre bonne veille terre!
Il n'y aura bientôt plus de neige au KilimandjaroLe massif volcanique d'Afrique qui culmine à 5'963 m a vu sa surface de glace diminuer de 80%. Elle aura totalment disparu dans 15 ans.
En Suisse, nous nous sommes habitués à voir reculer les glaciers. Le recul diffère d'un appareil à l'autre, en fonction de son volume, de l'altitude à laquelle il se trouve, de sa pente ou encore de son orientation. Certains petits glaciers ont déjà totalement disparu tandis que d'autres, comme celui d'Aletsch par exemple, réagissent avec plusieurs dizaines d'années de retard aux variations climatiques. Ceux qui réagissent à très court terme peuvent même montrer des périodes où leur volume augmente, en particulier après des années où les précipitations ont été particulièrement abondantes.
Des carottages doivent être effectués au plus vite
Ailleurs dans le monde, la situation peut varier énormément d'une région à l'autre. En Amérique du Sud, le recul des glaciers andins est particulièrement rapide et nombre d'entre eux ont disparu ces dernières années. En Norvège, en revanche, on assiste paradoxalement à l'avancée de quelques glaciers, en raison même du réchauffement des températures. En effet, lorsque celles-ci sont très basses, il n'y a presque pas d'humidité dans l'air et les précipitations sont quasi inexistantes. Avec le réchauffement de l'atmosphère, on atteint progressivement des températures auxquelles davantage de précipitations peuvent se produire. De la neige, qui vient s'accumuler sur les glaciers.
Une région du monde offre des images saisissantes de recul glaciaire. Il s'agit du Kilimanjaro, en Afrique. Ce beau tableau de neiges éternelles est en train de s'éroder très rapidement. Au cours du XXe siècle, il a déjà perdu plus de 80% de sa surface de glace. Des 12 km2 du début du siècle il reste moins de 2 km2 aujourd'hui. A ce rythme, la glace aura totalement disparu dans 15 ans.
Dès lors, c'est une véritable course contre la montre qui s'est engagée. Non pas pour éviter la fonte. Même si l'on parvenait à diminuer fortement les émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble de la planète, on pourrait certes retarder le phénomène du réchauffement, mais il est déjà bien trop tard pour renverser complètement la vapeur. Si la course est engagée, c'est parce que ces glaces accumulées renferment toute l'histoire climatique de la région. Ce sont ce que l'on appelle les archives des climats passés. Il s'agit donc d'effectuer rapidement des carottages pour conserver les données renfermées dans les bulles d'air emprisonnées dans les glaces. Elles peuvent livrer des informations très précieuses sur le passé du climat africain et il s'agit de ne pas les laisser s'évaporer définitivement sous nos yeux.
Martine Rebetez
Climatologue à l'Institut fédéral de recherches WSL
Source