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Le 20 janvier dernier, l'existence probable d'une neuvième planète orbitant aux confins du système solaire, totalement inconnue malgré son fort beau gabarit, était annoncée. Le tout, grâce aux travaux déductifs de deux chercheurs américains, Konstantin Batygin et Mike Brown, qui étaient parvenus à déduire son orbite de la trajectoire d'un ensemble de petits corps de la ceinture de Kuiper. Pour autant, ces deux brillants astronomes n'étaient pas en mesure d'estimer à quel point de son orbite cette planète, au mouvement très lent, pouvait actuellement se trouver. Dès lors, sa découverte, quelque part dans le ciel, entre 200 et 1 000 unités astronomiques (c'est à dire entre 200 et 1 000 fois la distance Terre-Soleil), s'apparentait à chercher une épingle, non pas dans une botte de foin, mais carrément dans un champ de blé !
RELIRE notre interview d'Alessandro Morbidelli sur l'existence probable d'une neuvième planète dans le système solaire.
Pourtant, il n'aura fallu qu'un mois pour que l'enthousiasme conjugué des scientifiques du monde entier, tout émoustillés par cette excitante quête, commence à payer. Deux Français, Jacques Laskar, de l'Observatoire de Paris, et Agnès Fienga, de l'Observatoire de la Côte d'Azur, viennent de dégainer les premiers en restreignant considérablement la zone où cette géante de glace doit être recherchée, dans une étude publiée cette semaine par la revue scientifiqueAstronomy & Astrophysics Letters.
À la recherche d'une influence gravitationnelle
Mais alors, comment s'y sont-ils pris ? Jacques Laskar et Agnès Fienga ont eu l'idée d'introduire la neuvième planète, telle que décrite par Batygin et Brown, dans leur modèle du système solaire. Cela, afin de repérer les éventuelles perturbations que sa présence est susceptible d'engendrer sur les autres corps du système. Bingo ! Si cette neuvième planète existe, alors elle a une influence gravitationnelle certaine sur Saturne qui, bien entendu, varie en fonction de la position respective des deux planètes sur leur orbite. Or, grâce à la sonde Cassini, nous connaissons la distance Terre-Saturne à 100 mètres près. De quoi repérer une éventuelle déviation de la trajectoire de la géante aux anneaux.
Bien sûr, ce n'est pas ce que les chercheurs ont vu. Ce serait trop beau. Toutefois, en analysant les données transmises par Cassini à la lumière des perturbations gravitationnelles attendues, les chercheurs ont pu en déduire que la fameuse neuvième planète ne pouvait absolument pas se trouver dans certaines portions de son orbite et déterminer, au contraire, des zones où sa présence était compatible avec les données de Cassini. Ce faisant, pour mettre la main sur l'épingle, sans réduire le champ de blé à une botte de foin, ils sont tout de même parvenus à réduire par deux sa superficie.
Et ce n'est pas tout. Dans certaines zones, l'introduction de la planète améliore sensiblement le modèle de prédiction des distances Terre-Saturne. Autrement dit, elle permet de réduire l'écart entre les calculs et les données de Cassini. De sorte que les chercheurs évoquent également une zone probable où la planète devrait être prioritairement recherchée. Un grand pas vers sa découverte tant attendue !
http://www.lepoint.fr/innovation/un-pas-de-geant-dans-la-quete-de-la-neuvieme-planete-25-02-2016-2021077_1928.php#xtor=CS1-31