Des microfossiles découverts dans des roches australiennes vieilles de 3,4 milliards d’années seraient d'origine microbienne, devenant les plus vieux fossiles connus sur Terre. Un titre très disputé. 
Dans les sables d’une très vieille plage australienne, aujourd’hui située dans les terres de la région de Pilbara, à l’ouest du pays, des chercheurs ont découvert des microstructures, de petits tubes creux formant des groupes et des chaînes, qui seraient d’anciennes bactéries fossilisées. L’ancienne plage de la formation de Stelley Pool, déjà célèbre parmi les géologues pour ses stromatolithes, peut être datée facilement. Elle est âgée de 3,4 milliards d’années, période pendant laquelle les océans étaient aussi chauds qu’un bon bain et l’atmosphère terrestre chargée en méthane.
Le paléobiologiste britannique Martin Brasier (University of Oxford) et son collègue australien David Wacey (University of Western Australia) affirment aujourd’hui dans la revue Nature Geoscience que ces microfossiles sont très probablement ceux de microbes se nourrissant de soufre, l’oxygène n’étant pas présent à l’époque faute d’algues pour le synthétiser. De telles bactéries existent encore aujourd’hui, notamment au fond des océans autour des sources hydrothermales.
Définir le caractère biologique de tels fossiles est complexe et de précédentes découvertes ont été très discutées. Ainsi, à une trentaine de kilomètres de Strelley Pool, dans la formation d’Apex (Apex Cherts), l’équipe de William Schopf a décrit au début des années 90 des microfossiles de la même période. Cependant leur caractère biologique est très discuté, Martin Brasier étant l’un des premiers à avoir contesté leur origine microbienne.
Le même Martin Brasier estime aujourd’hui disposer de très solides arguments pour affirmer que les fossiles de Stelley pool sont bien des bactéries. En plus de leur forme, de leur arrangement en groupe, ils présentent des traces de métabolisme microbien, affirment les chercheurs. Les parois cellulaires contiennent un isotope de carbone (12C) préféré par les organismes vivants à un autre isotope stable de carbone (13C). La présence de cristaux de pyrite –un sulfure de fer- dans ces microfossiles serait par ailleurs une preuve de leur utilisation du soufre pour se développer. Des dépôts similaires sont en effet observés sur des bactéries qui métabolisent des composés soufrés.
Ces microfossiles sont donc de nouveaux prétendants au titre de plus anciens fossiles terrestres connus. Jusqu’à présent les preuves les mieux étudiées des plus anciennes formes de vie bactériennes sont indirectes : il s’agit des stromatolithes, constructions de carbonates souvent formés par des cyanobactéries. En Australie, les plus anciens stromatolithes sont âgés de 3,5 milliards d’années.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.fr
22/08/11
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