WASHINGTON (AFP) - vendredi 3 octobre 2003, 15h58 - Issu de la science-fiction, le concept d'ascenseur spatial montant le long d'un câble sur des milliers de kilomètres jusqu'à une station située en orbite géostationnaire fait désormais plancher sérieusement les chercheurs, dont plusieurs dizaines se sont réunis en septembre pour une conférence consacrée exclusivement à ce concept.
En ouverture de la "deuxième conférence annuelle sur l'ascenseur spatial", organisé à Santa Fe (Nouveau Mexique, sud), nul autre que l'auteur Arthur C. Clarke ne pouvait mieux exprimer sa foi dans cette idée, au centre de son roman d'anticipation, "Fontaines du paradis" publié en 1978.
La réunion organisée par Bryan Laubscher, chercheur du Los Alamos National Laboratory, a permis d'entendre plus de 20 présentations sur tous les aspects de cet ascenseur de l'espace, de ses méthodes de construction à son coût, en passant par les dangers qu'il peut présenter pour l'environnement.
La faisabilité d'un tel projet est devenu une réalité avec la mise au point au début des années 1990 des nanotubes, ces tubes microscopiques d'un diamètre de l'ordre du nanomètre, formés d'une ou de plusieurs feuilles de carbone d'une résistance largement supérieure à tous les matériaux de construction actuels.
"Le premier qui construira un ascenseur spatial sera propriétaire de l'espace", a estimé M. Laubscher en expliquant qu'un tel ascenseur pourrait se déplacer le long d'un câble "long de 100.000 km qui permettrait de transporter une charge utile au-delà de la ceinture d'astéroïdes", du système solaire.
Pour lui, "de nombreux projets d'exploration spatiale déjà élaborés peuvent être repensés dans le contexte de l'existence d'un ascenseur spatial".
Le chercheur David Smitherman, du centre spatial Marshall de la Nasa, a décrit la technologie de l'ascenseur spatial "dont la structure s'étendrait de la surface de la Terre jusqu'à une orbite géostationnaire, donnant à l'ensemble de la structure une rotation synchrone avec la Terre et maintenant sa position au-dessus de sa base située à l'équateur".
Il a estimé qu'"une telle structure pourrait être utilisé comme système de transport de masse dans la dernière partie du XXIe siècle, pour le transport des personnes, de charges utiles, de carburant et d'électricité entre la Terre et l'Espace".
Pour cet expert de la Nasa, la construction de l'ascenseur est rendue possible par les nanotechnologies qui ont permis la mise au point de nanotubes "dont la résistance est plusieurs centaines de fois supérieure à l'acier".
Il a également cité les recherches en propulsion électromagnétique pour le transport à grande vitesse, une technologie qui servira selon lui le véhicule électomagnétique devant voyager dans l'Espace.
M. Smitherman a mentionné le besoin "d'infrastructures spatiales, nécessaires pour permettre la construction de l'ascenseur, mais aussi le développement spatial en général".
La Nasa finance déjà des projets privés de recherche pour un tel ascenseur, parmi lesquels HighLift Systems, une société de Seattle (état de Washington, ouest) qui a créé en mars 2003 une première filiale LiftPort Inc, destinée à "transformer les recherches déjà menées en applications commerciales", a expliqué le président de l'entreprise, Michael Laine.
Même la société américaine Otis a exprimé son soutien au projet dès 2000 en informant la Nasa que le numéro un mondial des ascenseurs avait "ce qu'il faut" pour aider l'agence spatiale américaine à réaliser son rêve.
Les experts s'entendent à dire qu'il faudrait une cinquantaine d'années pour mener à bien un tel projet mais que son coût serait bien moindre que la construction de l'actuelle Station spatiale internationale qui va elle-même dépasser les 60 milliards de dollars.
Source : Yahoo!Actualités
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