Un jour de 1945, un homme du nom de Kuda Bux prend sa bicyclette et s'enfonce dans la circulation new-yorkaise. Il pédale joyeusement à travers Times Square, toujours très animé, et s'arrête sans encombre. Il vient d'accomplir un exploit éton¬nant. Les yeux bandés durant tout le trajet, Bux a été parfaitement capable de se diriger. Il s'est ainsi rendu célèbre dans les années 1930 et 1940. Mais il n'est pas le seul qui puisse voir sans se servir de ses yeux. Au XVIIe siècle, un scientifique irlandais, Robert Boyle, raconte l'histoire d'un homme qui sait reconnaître les couleurs par le toucher.
Au XVIIIe siècle, les premiers Européens sur l'île de Samoa parlent d'insulaires aveugles, pourtant capables de décrire la physionomie des nouveaux arrivants. En 1893, des médecins de Brooklyn évoquent le cas de Mollie Fancher, qui souffre de cécité mais lit des livres imprimés normalement du bout des doigts. En Italie, à peu près à la même époque, un neurologue, le docteur Cesare Lombroso, soigne une jeune non-voyante âgée de 14 ans qui « voit»avec le lobe de son oreille gauche et le bout de son nez.
Quand le praticien tente de lui mettre un crayon dans une narine, elle le repousse et hurle: « Essayez-vous de me rendre aveugle? ». De tels cas ont beaucoup intrigué l'écrivain français Jules Romains. Après des années d'expé¬riences, il publie en 1920 un long traité consacré à ce phénomène. Il y note que certaines personnes « voient» sans avoir aucun contact avec les objets qu'ils décrivent. D'autres « voient» avec le bout de leurs doigts, leurs joues et même leur estomac. Des expériences visionnaires Des exemples viennent illustrer ce que Romains appelle la « vision paroptique » et font occasion¬nellement les gros titres des journaux.
En 1960, une Virginienne d'Ellerson, Margaret Foos, âgée de 14 ans, subit des tests minutieux menés par des experts. Les yeux bandés, elle lit des morceaux choisis au hasard, identifie des couleurs et des objets, et joue même aux dames. L'attention des scientifiques ne se concentre sur ces faits qu'après 1963, lorsque des chercheurs soviétiques relatent l'histoire de Rosa Kuleshova. Au cours de plusieurs expériences dûment contrô¬lées, où elle a les yeux bandés, Rosa lit des articles de journaux et des partitions musicales avec le bout de ses doigts et son coude. Ces résultats suscitent l'intérêt du docteur Richard P. Youtz, un psychologue de l'université de Columbia. Il décide d'y donner suite. A l'issue de tests particuliers, il conclut que Rosa Kule¬shova, et d'autres comme elle, sont anormalement sensibles à la quantité d'énergie absorbée par les différentes couleurs.
Selon lui, lire sans voir est possible parce que les caractères noirs dégagent beaucoup plus de chaleur que la page blanche sur laquelle ils sont imprimés. Certes, si l'on constate que des gens peuvent « voir » avec un de leurs membres, on ne comprend pas comment un Kuda Bux ou une Margaret Foss ont distingué des objets sans avoir de contact avec eux.
Source :
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