SpiderPig a écrit:
Mais à ce que je lis dans l'article, le stress, le changement acide etc... intervient directement sur leurs développements à cause de l'homme.
Pas sur leur développement, mais plutôt sur leur comportement... nuance.
Les activités de l'homme influent sur le milieu, qui à son tour pourrait influer sur le comportement des baleines...
C'est l'hypothèse la plus simple et la plus probable, dans la mesure où il n'est absolument pas sûr du tout que les variations du taux de CO2 dissous ou de l'acidité des eaux puissent avoir un impact sur la physiologie des cétacés -ou en tout cas, pas au point de modifier leur chant en à peine une ou deux générations.
En revanche, cette histoire n'a probablement rien à voir avec une mutation. J'y reviens ci-dessus.
SpiderPig a écrit:
Au fond, tout n'est que spéculation car nous ne savons pas si l'évolution des espèces ce font graduellement par génération ou par un changement génétique par pallier .
Le consensus chez les généticiens et biologistes est qu'il s'agit d'un mélange de ces deux phénomènes, dépendant de la pression de sélection exercée par le milieu sur la population.
En situation normale et dans un environnement stable dans le temps, les espèces évoluent peu, voire pas du tout, ou en tout cas à une vitesse modérée. En revanche, si le milieu de vie connaît des bouleversements importants, la pression de sélection s'accentue fortement et les espèces connaissent un grand bon évolutif.
SpiderPig a écrit:
Par exemple, si les chats migrent vers le nord et qu'ils réussissent à s'adapter, est-ce qu'ils évolueraient lentement jusqu'à ce que leurs poils, taille, peau et griffes se renforcissent en favorisant l'évolution sélective des plus forts à travers le temps, ou bien un jours, dû à leurs environnement, une de ces chattes accoucherait d'une portée de chattons génétiquement différent qui changeraient leurs états?
Tes propositions sont tellement extrêmes qu'elles en sont toutes les deux fausses...
Mais la première est un peu plus proche de la vérité, à la nuance près que comme je l'ai dit ci-dessus, la vitesse d'évolution change selon la pression de sélection. Pour admettre la seconde (une portée de chatons qui naîtrait d'un seul coup, miraculeusement porteuse de caractères adaptés au nouvel environnement), il faudrait être partisan de l'
intelligent design...
Dans tous les cas, il faut bien noter que ce n'est pas l'environnement qui fait muter et évoluer les espèces (comme on le pense souvent). L'évolution fonctionne dans le sens inverse : au sein d'une population, tous les individus présentent naturellement des mutations, d'où de légères différences phénotypiques. L'environnement joue un rôle de "régulateur" en favorisant la reproduction des individus les plus adaptés ; leurs mutations se répandent donc petit à petit au sein de la population, jusqu'à former une nouvelle espèce.
Dans le cas qui nous occupe, celui de nos baleines barytons, le fait pour un individu d'avoir un chant plus grave n'amène pas réellement d'avantage évolutif sur les autres mâles ni ne l'aide à mieux vivre dans son milieu.
Si cette modification a pour origine une mutation (un épaississement des cordes vocales des baleines, ou je ne sais quoi), celle-ci est probablement à l'origine purement fortuite -comme la plupart des mutations ; elle s'est ensuite répandue dans la population de baleines parce que les mâles à la voix grave paraissaient plus sexy aux yeux des femelles.
L'implication de l'homme serait donc
a priori très réduite ou nulle.
Chimère a écrit:
Car personnellement, j'ai déjà assisté à plusieurs mise-bas de truies qui ont eux des cochonnets avec une trompe ou un seul oeil comme un cyclope (pas un oeil à gauche et rien à droite, vraiment cyclope). À nos yeux c'est une malformation, par contre j'en ai vu 3-4 avec la même malformation en 10 ans (trompe et cyclope), je me demande si l'homme n'influe pas directement sur leurs sélections "non-naturelle pour nous" mais qui sont influencé par la facon dont-on les élèvent.
C'est une malformation appelée holoproencéphalie, on l'observe chez la plupart des animaux domestiques.
La fréquence dépend des souches et des races de porcs, mais cette pathologie est globalement considérée comme "rare" (mais pas exceptionnelle). Il n'est en revanche pas possible de déterminer si l'homme a eu une influence ou non sur son expansion, par exemple en sélectionnant certaines souches d'animaux porteuses de la maladie.
De même, il serait erroné d'affirmer que cette malformation est effectivement plus répandue chez les animaux domestiques que chez les sauvages : le soucis est qu'en effet personne ne va recenser les cas d'holoproencéphalie dans les portées d'animaux sauvages, on ne dispose donc d'aucun point de comparaison.
Wemerien a écrit:
Oui, ça marche très bien si on suppose que l'agriculture et les villes sont autre chose que des adaptations à notre environnement. Des adaptations non génétiques, certes, mais des adaptations quand même, nées d'une évolution culturelle et non-biologique. Mais au final, tout ce que nous créons reste issu de ce qui existe dans la nature et le reste de l'écosystème s'adapte à nous (certes brutalement, mais il s'adapte et retrouvera peu à peu son équilibre).
L'espèce humaine ne fait pas (plus) partie des écosystèmes naturels dans la mesure où elle évolue en dehors des relations de dépendances, d'échanges et des réseaux trophiques inhérents à ce type de système.
Pour que ce soit encore le cas, il faudrait que l'espèce humaine vive dans une sorte de symbiose avec la nature ; or, ce n'est plus le cas depuis (au moins) la sédentarisation de l'espèce humaine et l'apparition de l'agriculture.
Une exploitation agricole, avec ses cultures et ses élevages, n'est pas un écosystème naturel. Les dynamiques en sont complètement différentes.
C'est un écosystème modifié pour poursuivre un but précis : la production de matière organique végétale ou animale en l'occurrence. Si on s'amuse à faire la balance entre les apports et les retraits en matière organique et énergie au sein de l'exploitation, on s'aperçoit que celle-ci est constamment en déséquilibre (ce qui oblige l'agriculteur à aller en récupérer ailleurs) ; ou dans le meilleur des cas, une petite exploitation complètement autosuffisante, on oscillera constamment entre des phases de déséquilibre et d'équilibre savamment entretenues.
C'est bien pour cette raison que certains parlent "d'agrosystèmes".
Et en ce qui concerne les villes... Est-il vraiment besoin d'expliquer pourquoi ce sont des milieux qui n'ont rien à voir avec les écosystèmes naturels ?...
Wemerien a écrit:
Si nous n'en faisions pas partie, aurait-il besoin de s'adapter à notre présence ?
Le problème est qu'il n'y a plus tant que ça d'écosystèmes complètement vierges de toute présence humaine, la plupart sont plus ou moins anthropisés.
Dans ces conditions, il n'est pas vraiment surprenant que nos activités puissent avoir un impact.
Wemerien a écrit:
Une fois de plus, rien qu'une manière pour l'être humain de se sentir "exceptionnel". De la part d'écologistes, je trouve ça particulièrement drôle, d'ailleurs.
Très franchement, je suis très loin d'avoir des opinions anthropocentristes et je considère pas la race humaine comme "exceptionnelle" ou "supérieure".
Je la trouve intéressante pour tout ce qu'elle a accompli, et pour le haut degré d'évolution sociale et de technicité qu'elle a atteint au cours de sa courte histoire.
Mais ça ne rend pas l'espèce humaine "supérieure" aux animaux. Supérieure en quoi, d'ailleurs ?...
Wemerien a écrit:
L'écosystème naît de l'interaction des espèces vivantes entre elles et avec leur environnement. Jusqu'à preuve du contraire, on est forcément dans l'une ou l'autre de ces deux catégories...
Non. On peut être en dehors, dans un système à part.