Les décès massifs de gorilles observés entre 2001 et 2005 à la frontière entre le Gabon et la République du Congo sont bien dus à la propagation du virus Ebola, selon Magdalena Bermejo, spécialiste des primates à l’Université de Barcelone. Dans le cadre du programme ECOFAC, Bermejo et son équipe surveillent depuis 1995 des groupes de gorilles dans le sanctuaire de Lossi, au Congo.
Entre la fin 2001 et le début 2002, où une épidémie due au virus Ebola, responsable de fièvres hémorragiques mortelles à 90 ou 95% chez l’homme, s’est déclarée dans cette région d’Afrique de l’Ouest. Entre octobre 2002 et février 2003, les chercheurs ont vu mourir 130 gorilles sur les 143 qu’ils suivaient (soit 91%). De nouveau, entre octobre 2003 et janvier 2004, 91 gorilles sont morts sur le groupe de 95 que les chercheurs avaient ciblé.
En considérant que dans l’ensemble de la région il y a environ 2 gorilles au km2, soit la moitié que dans le sanctuaire de Lossi, le virus Ebola aurait tué 5.000 gorilles sur un territoire de 2.700 km2, calculent Bermejo et ses collègues, qui publient leurs conclusions dans la revue Science.
Ces décès massifs, qui ont aussi touché les chimpanzés, ont été imputés à Ebola sans que les chercheurs en aient la preuve tangible. En effet on ne connaît pas le mode de transmission du virus entre les grands singes. L’équipe de Bermejo a cependant observé un intervalle de 11 jours entre deux décès, ce qui correspond avec la période d’incubation chez l’homme de 12 jours. Le virus a par ailleurs été retrouvé sur des échantillons prélevés sur quelques gorilles.
Ces travaux rejoignent d’autres observations et renforcent l’hypothèse d’une transmission du virus Ebola entre gorilles. Ce qui est une mauvaise nouvelle pour l’avenir de ces grands singes, dont le nombre chute d’année en année.
Comme si l'homme ne suffisait pas à les faire disparaître, voilà que la nature s'en mêle.
Encore que je ne sois pas sûr que la présence de l'homme n'y soit pas pour rien.
