Beagle 2 : mission impossible Par Cécile Dumas - (24/05/04)
Celle qu’on qualifiait volontiers d’improbable est devenue impossible. D’après la commission d’enquête sur la perte de l’atterrisseur Beagle 2, qui devait se poser sur Mars en décembre dernier, la mission était trop risquée pour réussir. La gestion du projet est mise en cause par la commission d’enquête dont les recommandations ont été rendues publiques aujourd’hui
Représentation du largage de Beagle 2 par Mars Express. (ESA)L’Agence spatiale européenne (ESA) avait prévu d’envoyer l’orbiteur Mars Express en 2003 pour profiter du rapprochement entre la Terre et Mars. Plusieurs projets d’atterrisseur ont été proposés à l’ESA qui a finalement choisi Beagle 2, conçu par le Pr Colin Pillinger de l’Open University de Grande-Bretagne. Les contraintes étaient fortes : l’engin devait être très compact, très léger, être prêt en peu de temps et en partie financé. Pillinger a dépensé beaucoup d’énergie, vedettes à l’appui, pour récolter des fonds pour son projet.
Résultat : 60 kilos, moins d’un mètre de diamètre plié et un record de densité. Largué par Mars Express le 19 décembre, Beagle 2 se place en orbite autour de Mars le jour de Noël. C’est aussi la date choisie pour l’atterrissage. Mais Beagle 2 n’a plus jamais donné de nouvelles et a officiellement été déclaré perdu en février dernier. Les enquêteurs n’ont aucun élément concret pour savoir ce qui s’est passé. Ils doivent se contenter d’énumérer les scénarios possibles : Beagle 2 a brûlé dans l’atmosphère martienne, les parachutes ou les airbags ne se sont pas ou mal déployé, etc.
Impossible de savoir si un problème technique précis est à l’origine de l’échec.
Les enquêteurs ont donc été obligés de se rabattre sur la gestion du projet. Le rapport estime que les financements étaient insuffisants, la gestion pas assez rigoureuse et les délais trop courts. Beagle 2 n’a pas subi assez de tests avant de partir dans l’espace. Globalement, trop de risques ont été pris, estiment les enquêteurs.
Afin de tirer les leçons de cette expérience, la commission émet des recommandations pour les futures missions d’exploration spatiale. En premier lieu, que l’ensemble d’une mission soit géré par la même entité et que le financement soit assuré. Côté technique, la commission recommande que les atterrisseurs soient équipés d’un outil de transmission pour la descente et l’atterrissage, afin qu’ils soient mieux suivis et qu’on puisse éventuellement les récupérer. Beagle 2 était muet pendant cette phase cruciale de la mission.Source :
Sciences et Avenir