Jouer à l'homme-araignée pourrait devenir une réalité d'ici 10 ans

ROME (AFP) - Les performances de l'homme-araignée "Spiderman" pourraient devenir accessibles au commun des mortels d'ici dix ans selon des chercheurs italiens qui travaillent sur un projet de combinaison à la texture adhérente inspirée du gecko, ce petit lézard roi de l'escalade.
"Je travaille depuis une dizaine d'années sur l'adhésion et les nanotubes de carbone (tubes creux concentriques séparés de 0,34 nanomètre, ndlr), et plus spécifiquement depuis une année sur cette idée de combinaison", a expliqué jeudi à l'AFP Nicola Pugno, 35 ans, chercheur à l'université polytechnique de Turin (nord).

"Beaucoup de chercheurs ont déjà travaillé sur des matières hyper-adhésives en s'inspirant par exemple du gecko. Mon projet de combinaison serait composé de filaments extrêmement fins et en très grand nombre, utilisant leur capillarité pour une adhésion physique ainsi que le principe de la force de Van der Walls (interaction de faible intensité entre molécules ou atomes)", indique-t-il.

Les coussinets placés sous les pattes du gecko sont recouverts de "setae", des poils microscopiques qui lui offrent une adhérence très élevée sur divers supports pour l'aider à se fixer ou à se déplacer.

"Un des problèmes qui se pose est le contrôle de l'adhésion, parce que rester attaché à une paroi n'est pas difficile, il suffit de se coller avec de la superglue, mais ensuite comment se décoller puis se recoller à nouveau?", sourit-il.

"Autre élément non négligeable, l'auto-nettoyage du système car une matière adhésive qui se salit aussitôt ne peut évidemment pas avoir un usage dans le temps. Un gecko qui marche dans le sable doit ainsi se nettoyer les pattes au bout de quelques pas. Nous étudions par exemple les feuilles de lotus qui sont auto-nettoyantes", poursuit le chercheur.

Selon Nicola Pugno, "potentiellement, une combinaison de ce genre pourrait être réalisée d'ici dix ans, mais peuvent surgir des problèmes auxquels nous n'aurions pas pensé".

"Le problème le plus important auquel nous sommes confrontés est le changement d'échelle, car passer du gecko à l'homme diminue forcément l'adhésion et la résistance", a-t-il souligné.

"Enfant, je jouais au foot et je n'étais pas spécialement fou de ces choses-là, c'est venu sur le tard. C'est un champ qui peut avoir des applications très intéressantes dans la science, comme dans l'espace par exemple. Un astronaute pourrait utiliser une combinaison avec un système d'adhésion de type ventouses", a-t-il ajouté.

Et si Nicola Pugno a vu les films de "Spiderman", ils ne l'ont pas "passionné" plus que ça: "ce qui me passionne c'est la science et la montagne. Et la science-fiction ne m'intéresse pas car elle ne débouche sur rien", a-t-il conclu.