Des petits vers ont survécu à l'explosion de Columbia
Philippe Mercure
La Presse
Le 1er février 2003, la navette Columbia explose en plein vol, tuant les sept astronautes qui s'y trouvent. Deux ans plus tard, des chercheurs nous apprennent que la tragédie a fait des survivants: de petits vers qu'on avait embarqué à bord pour des expériences scientifiques.
Les spécimens de nématodes Caenorhabditis elegans - des vers gros comme les virgules de cet article de journal - ont résisté à une épreuve à laquelle aucun humain ne peut espérer survivre: une rentrée non contrôlée dans l'atmosphère. Enfermés dans des contenants spéciaux en aluminium, ils ont été éjectés de la navette à 42 kilomètres au-dessus du Texas. Ils ont foncé vers la Terre à une vitesse atteignant 1050 kilomètres/heure, avant de se fracasser au sol. Violence de l'impact: 2295 fois la force gravitationnelle de la Terre.
«Ce sont des résultats très excitants. Il s'agit de la première démonstration que des animaux peuvent survivre à des conditions similaires à ce qu'ils subiraient s'ils se trouvaient sur une météorite. Cela montre que des animaux relativement complexes provenant d'une planète pourraient atterrir sur une autre sans la protection d'un vaisseau spatial», a expliqué à La Presse Catharine Conley, chercheuse au Ames Resarch Center de la NASA et une des auteures de l'article dans lequel la découverte a été dévoilée.
Les vers doivent leur survie aux contenants d'aluminium, qui les ont protégés de la chaleur extrême provoquée par la friction de l'air lors de la rentrée dans l'atmosphère. On savait déjà que des organismes unicellulaires pouvaient survivre à un traitement aussi difficile. Mais, dans ces conditions extrêmes, la loi de la jungle est inversée: ce ne sont pas les plus gros qui sont avantagés, mais les plus petits. «Dans le cas de vers de plusieurs cellules, je dois admettre que c'est plus étonnant. Les organismes multicellulaires sont nettement moins résistants à des variations de leur environnement», explique Robert Lamontagne, professeur d'astronomie à l'Université de Montréal.
«L'intérêt là-dedans, c'est qu'on peut imaginer par exemple qu'un impact violent sur la Terre expulse une roche dans l'espace. Si l'intérieur de la roche contient de petits vers, ceux-ci pourraient se retrouver sur Mars et infecter la planète. Ou vice versa! C'est peut-être ce qui est arrivé il y longtemps, et nous sommes tous des Martiens», lance M. Lamontagne.
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