Bonsoir bigou,
Il semble que depuis que ce sujet a été posté, le débat s’est largement développé, et il me paraît utile de faire remarquer à nos lecteurs les nombreuses incohérences et erreurs de détail que comporte ton récit. Allons y point par point, comme j’aime à le faire :
1. J’aurais imaginé que la date du décès tragique de ton ami Sylvain aurait profondément marqué ta mémoire. Or il n’en est rien, puisque tu n’es pas certain du mois. Puis, lorsque Wanksta te fait remarquer que le 13 juillet 1993 était un mardi et non un vendredi (ce qui après vérification s’avère exact), tu dis ne plus te souvenir et avoir besoin de tes notes. C’est dommage, vendredi 13 juillet 1993, ça sonnait bien pourtant ; peut-être un peu trop bien même.
2. Parlons-en, d’ailleurs, de ces notes. La première fois que tu y fais référence, c’est sous la forme d’une nouvelle écrite à partir de ton histoire. La nouvelle disparaît ensuite (rappelait-elle trop la fiction dans une histoire supposée vraie ?) pour laisser la place à des notes, qui disparaissent fort opportunément à leur tour juste au moment où l’on commence à te poser des questions et à te demander davantage de détail. Tu avoueras que ça ne plaide pas dans le sens de ta crédibilité.
3. Tu dis d’ailleurs ne pas pouvoir chercher ces notes faute de temps, à cause de ton travail. Mais un peu plus loin, tu affirmes ne pas les trouver malgré des recherches soutenues, ce qui est parfaitement contradictoire.
4. Tu dis aussi, dans ton premier message, ne pas vouloir donner d’autres détails que tu juges trop saugrenus. Puis après que l’on t’en ait demandé malgré tout, tu acceptes en révélant l’histoire de tes carnets disparus et de la fameuse tour. Mais quand Wanksta, encore lui, t’en demande de nouveau, tu en sers une deuxième couche. Et du saugrenu, c’est le moins qu’on puisse dire. Combien de détails à tiroirs (comme le rêve de ta femme, par exemple) de la sorte as-tu en réserve ?
5. Pour en venir à l'intervention de ce mystérieux informateur nommé Vianney, moitié « gorge profonde », moitié « men in black », elle est certes rocambolesque à souhait, mais elle n’est pas très originale, pour ne pas dire totalement éculée. Et puis, c’est tout de même bizarre que tu aies attendu tout ce temps pour parler de ce détail qui n’en est pourtant pas un, puisqu’à te lire c’est cet incident qui t’a décidé à venir raconter ton histoire sur le forum !
6. D’ailleurs ton timing sur ce coup a été impressionnant puisqu’il ne t’a fallu que deux heures et demie pour raccompagner ce monsieur à la porte (sans chercher à le retenir comme l’a fait remarquer Karmapa), le 10 août 2005 vers une heure du matin, terminer ta journée de travail, rentrer chez toi, effectuer des recherches sur le net, trouver ce forum et y poster un message long comme le bras d’une pieuvre géante, à 3 heures 39 précises.
7. Au sujet de ce Vianney, tu te défends d’avoir parlé de matricule concernant le numéro gravé sur son pendentif. Tu n’as pas écrit ce mot, c’est exact. Mais dans ton récit tu as pourtant fait allusion à une plaque d’identification ressemblant à celles que portent les militaires. Et la mention de la coupe de cheveux de type militaire de Vianney montre que c’est bel et bien à cela que tu pensais. Soi dit en passant une plaque militaire de ce type, en France, comporte dix chiffres et non six. De plus je doute qu’elle porte un quelconque écusson puisqu’elle n’a aucune vocation décorative, servant uniquement à identifier les morts et les blessés.
8. Revenons à d’autres détails. Tu nous dis que Sylvain, ainsi que trois autres victimes des meurtres, sont décédés des suites d’un arrêt cardiaque provoqué par une crispation totale des muscles. Or, après de brèves recherches sur le net, il m’est apparu que cette crispation n’était pas la cause, mais la conséquence d’un arrêt cardiorespiratoire.
9. Tu prétends n’avoir soufflé mot de cette histoire à qui que ce soit, hormis ton épouse et deux autres personnes (dont nous ignorons tout, du reste). Mais alors, qu’as-tu dit à ta mère lorsque tu t’es réfugié chez elle ? Qu’as-tu dit aux secouristes venus ensuite ? Qu’as-tu dit aux gendarmes chargés de l’enquête sur cette mort ? Rien du tout ? Ni au psychologue ? Dans ce cas comment se fait-il qu’il n’ait rien remarqué pendant les six mois de suivi psychologique ? N’importe quel psy digne de ce nom aurait diagnostiqué un blocage sévère lié à cet événement et en aurait fait mention dans ses conclusions.
10. Le livre que tu mentionnes, où tu aurais trouvé pour la première fois mention de l’histoire de Lang Kangdridge, n’est répertorié nulle part sur le catalogue du SUDOC, qui recense tous les ouvrages de toutes les bibliothèques universitaires de France. Ce malgré un titre donné dans le détail par tes soins et assumé comme tel. Ce n’est pas une preuve, mais c’est une présomption importante en faveur de l’inexistence de ce livre. En outre, tu dis en premier lieu l’avoir trouvé dans la bibliothèque « de la ville » (sous-entendu Anglet ?), mais plus loin c’est de celle de Bayonne dont tu parles.
11. On passera sur le fait que le nom même de Lang Kangdridge, que tu es sensé avoir vu écrit, et sans doute recopié dans tes notes, ne sonne pas du tout anglais, car c’est très subjectif. Mais il est tout de même bizarre que par la grâce d’un mystérieux informateur, ce nom devienne Kentridge, ce qui sonne mieux et surtout présente l’immense avantage de pouvoir se rattacher à quelque chose de réel.
12. On laissera également de côté le fait qu’en 1693, les hôpitaux psychiatriques n’existaient pas, et que les malades mentaux étaient enfermés dans des hospices avec les vieillards, les mourants et les vagabonds. La date de 1693 n’est pas un hasard, tout juste 300 ans avant les événements de 1993… Mais surtout, mes recherches ne m’ont pas permis de trouver la trace de troubles ou d’émeutes pour Plymouth et sa région en 1693. La guerre civile s’était terminée deux ans plus tôt par la victoire des Orangistes, en outre Plymouth avait été la première ville anglaise à se rallier aux vainqueurs dès 1688, et était donc très calme à cette époque.
13. Concernant les meurtres, j’avoue que je suis admiratif devant tes qualités de chercheur. A l’âge de 15/18 ans, tu as été capable, à partir d’articles de presse (que bien sûr nous ne verrons jamais) glanés dans différents journaux, de faire le lien entre des meurtres très éloignés dans l’espace, et surtout de retrouver l’ascendance des victimes sur trois siècles, ce que certains généalogistes professionnels auraient été incapables de faire… Très sincèrement, cela aurait nécessité des recherches méticuleuses en archives, en France et en Grande-Bretagne, recherches parfaitement hors de portée d’un ado même doué.
14. A un autre endroit, tu t’étonnes de n’avoir trouvé que cinq meurtres, un peu comme s’il était convenu qu’il dût y en avoir six. Pourquoi ? Cela n’est pas une obligation. Sauf si le scénario est écrit à l’avance…
15. De même, les détails que tu donnes en répondant à scarlettine sur la femme retrouvée dans sa cocotte-minute ne peuvent avoir été mentionnés dans la presse. Celle-ci préfère parler d’assassinat sauvage, ou autres expressions édulcorées, plutôt que d’entrer dans les précisions sordides. Accéder à de tels détails aurait nécessité de consulter les rapports de police ou du juge d’instruction, toutes choses impossible à un adolescent… et même à un adulte dans bien des cas.
16. En outre, tu avoues ne pas savoir pourquoi l’entité ne s’en est pas prise à la mère de Sylvain. Aurais-tu oublié ce que tu as écrit dans ton premier message (sensé avoir été rédigé sans regarder tes notes, puisque tu ne les as pas), à savoir que Sylvain était originaire de Plymouth du côté de son père ?
17. Quand tu nous parles de ton voyage à Plymouth, tu ne souffles mot de ce que tu as pu apprendre dans les archives de la ville, les bibliothèques ou auprès des diverses sociétés historiques de la région. Au lieu de cela, tu nous donnes quelques détails sur une des victimes qui ne nous apportent rien de plus.
18. L’inscription sur la tour signifie simplement qu’elle a été bâtie en 1693, comme c’était d’usage à l’époque. Et là encore, identifier les familles censées l’habiter vers 1800 et y pratiquer la magie noire, tout en déterminant à la fois leur ascendance et leur descendance, nécessiterait des recherches colossales en archives. Je sais très bien de quoi je parle, étant historien moi-même. Enfin, tu nous annonces avoir trouvé une photo de la tour en question sur le net, mais tu ne montres ensuite que la photo d’une autre tour lui ressemblant, ce qui est assez décevant pour ne pas dire autre chose.
19. Concernant le second incident, juste avant ton départ pour Lille, tu sembles avoir les oreilles bouchées quand Karmapa et Angel te font remarquer qu’il n’est pas logique que l’entité t’interdise de revenir à Anglet et non à Plymouth. Tu ne fais strictement aucun commentaire là-dessus alors que c’est pourtant d’une grande importance quant à l’une de tes principales préoccupations, à savoir le risque encouru en revenant à Anglet. A moins que tu ne préfères coller à un scénario prédéfini ?
20. Avec tout cela, il n’est finalement pas étonnant que tu aies écrit une nouvelle, ni que tu aies repris à ton compte, ne serait-ce qu’un instant, l’idée de film avancée par Clermont. Il y a beaucoup trop de fiction à mon goût dans cette histoire.
Tous ces éléments me font penser à un joli scénario, en effet. Malheureusement éventé par quelques rebondissements à tiroirs courus d’avance, comme le coup de l’informateur mystérieux. Avec une publication sur le forum comme test grandeur nature, présenté comme une histoire vraie à la manière du Projet Blair Witch. Une idée qui manque singulièrement d’originalité par les temps qui courent…
Après, ce n’est que mon avis.
