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Se pose maintenant un nouveau problème, si Dieu à été créé par quelqu'un, alors ce quelqu'un, qui est-il et surtout, pourquoi ne pas considérer ce quelqu'un comme "Dieu" puisqu'il est "existant".
Il est évident que si ce que nous nommons Dieu a été créé par un autre être (Dieu II), alors ce Dieu (I) perd son caractère d’auto-suffisance ontologique (puisque son être dépend d’un autre être), et il cesse donc d’être un « Dieu ». Le seul Dieu serait donc Dieu II, le seul qui soit incréé.
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Le cas du "Quoi" maintenant, il implique que Dieu est le fruit de quelque chose n'étant pas douée de pensée.
Comment la non-pensée peut-elle engendrer la pensée ?
Comment, quand on est le seul être, l’être
nécessaire, peut-on se donner quelque chose qu’on ne possède pas ? Soit on est doué de pensée, et dans ce cas on l’a toujours été et on le sera toujours. Soit on ne l’est pas, on ne l’a jamais été et on ne le sera jamais.
L’univers a pu ne pas connaître de pensée à un moment, puis la voir apparaître. Dans ce cas, il faudrait donc supposer que, puisque le non-être ne peut pas engendrer l’être, cette pensée est donnée, fournie, par un autre être, différent de l’univers.
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Reste alors un troisième cas à envisager, celui où Dieu se serait créé lui même, hypothèse la plus probable (logiquement parlant)
Ben non, ce n’est pas vraiment logique. Créer, c’est faire passer du néant à l’être. Quand on dit que l’on crée quelque chose (en fait, pour notre univers,il faudrait parler de
sous-création, puisque nous créons toujours à partir de quelque chose), c’est que l’on fabrique une chose qui, telle quelle, n’existait pas auparavant. En ce qui concerne l’être nécessaire et absolu, il ne saurait y avoir de création, pour une raison simple : pour créer, il faut être. Or, si on est déjà, il n’est pas besoin de « se » créer…
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En effet aujourd'hui, on ne sait pas créer de la matière à partir de rien,
On ne peut pas créer de matière à partir de rien. Je dis bien
rien au sens de « néant » absolu. On peut théoriquement créer de la matière à partir de l’énergie (E=mc²), mais on ne peut pas dire que l’énergie ne soit « rien ». C’est déjà quelque chose. Même un espace absolument vide (dans l’univers) n’est pas « rien » : il possède déjà une longueur, une largeur et une profondeur, et il est au moins soumis à la force gravitationnelle.
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En effet j'apprend que Dieu peut "s'interpréter" de plusieurs façons, dont certaines que je n'arrive pa à imaginer, mais au final ça devient interessant, comme l'hypothèse que Dieu se soit crée lui-meme, que je trouve la plus plausible (personnellement).
« Créer », en toute rigueur, n’est pas un verbe que l’on peut mettre à la forme réfléchie… Pour les raisons que j’ai évoquées plus haut.
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Dieu est la création de l'homme, et non l'inverse, c'est ce qui est d'ailleurs plus ou moins dit tout le long de ce forum
Voilà qui est bien péremptoire…
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moi je suis pas du tout croyant, et je crois que ce que je vois, et pour le moment je n'ai pas vu de dieu
Vous n’avez pas non plus vu d’atome ou de quasar, pourtant…
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C'est juste qu'a l'époque les hommes n'avaient pas trouvé de justification à la création de l'univers et tout, alors il fallait bien une explication, alors DIEU
Pas de justification à la création de l’univers ? Vous admettez qu’il y a eu création ? Mais s’il y a eu création, c’est qu’il y a un créateur…
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Je voudrais commencer par vous rappeler qu'il faut séparer les religons et Dieu(ou ce qui s'y rapporte comme la Bible)
C’est précisément ce qui est fait en christianisme orthodoxe, où l’on distingue le domaine de la théologie
révélée (étude de la signification des textes sacrés) de celui de la théologie
naturelle (domaine philosophique, indépendant de la théologie biblique).
L’existence de Dieu, pour la doctrine catholique (les Protestants pensent différemment), n’est en effet pas un acte de foi ! C’est un pré-requis à la foi, une sorte de marchepied philosophique permettant de s’engager sur la voie de la théologie (révélée). En effet, le propos de la religion chrétienne est de
faire confiance à Dieu. Or, pour faire confiance à quelqu’un, il faut encore savoir (et non croire) que ce quelqu’un existe. Le mot « foi », du latin « fides », en grec « pistis », est une traduction de l’hébreu « emounah », apparenté au mot « amen », qui veut dire à peu près « c’est ainsi » et au mot « emet », vérité.
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Jésus en dénonçant certaines pratiques juives voulait peut être remettre les choses à niveau et nous dire de ne pas oublier l'origine.
Certes, mais pas seulement ne pas oublier l’origine. Son propos était aussi d’ouvrir une nouvelle période dans l’histoire de la Révélation. Une période qui n’est pas en opposition avec ce qui précède, mais qui ajoute quelque chose (l’incarnation).
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Si il y a plusieurs religions alors qu'il n'y a qu'un Dieu c'est que les hommes ont chacun fait leur religion à leur sauce
Oui, mais toutes les religions sont loin de se référer à un même Dieu. Il n’y a que trois religions, sur terre, qui se réfèrent à une même divinité : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Plus globalement, on pourrait dire : le monothéisme hébraïque (encore qu’il faille faire une distinction entre judaïsme et christianisme, qui sont contemporains et partagent une bibliothèque commune, et l’islam, venu bien après, et disposant d’un livre propre).
Les autres religions de la terre ne parlent pas d’un dieu personnel et créateur (bouddhisme, hindouisme, shintoïsme, chamanismes et animismes divers). C’est pourquoi on ne peut pas parler de LA religion en général, comme s’il s’agissait d’un terme univoque. C’est une erreur très commune, mais qui a le tort d’embrouiller toute discussion sur LES religions.
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De même au temps de Galilé, l'Eglise disait bien que la Terre était le centre du monde mais ni Dieu ni la Bible le dit: modification humaine...
Certes, et c’est bien pour ça que l’Eglise ne le dit plus aujourd’hui, reconnaissant aisément que l’astronomie n’est pas son domaine.
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Secondo, la genese est, comme l'Apocalypse de St Jean, un texte "codé" où il faut lire entre les lignes. Le fruit défendu, la création du monde en 6 jours, la création de l'homme à l'image de Dieu... Ce sont des images!
Texte codé, oui et non… Pas un texte ésotérique. Un texte symbolique, en revanche, oui. Nul dans l’Eglise, aujourd’hui, ne soutient plus une création en six jours terrestres. Ce qui importe dans ce récit, c’est l’idée de création, et non les modalités littérales qui sont données, et qui sont d’ordre symbolique.
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Troisiemement, la Bible dit bien qu'il y a un commencement mais pas de fin. Pour la plupart des gens, l'apocalypse c'est la fin du monde. Pourtant c'est plutot la renaissance du monde d'après St Jean.
En effet, l’Apocalypse, texte volontairement obscur, n’est en rien le récit des derniers jours de l’univers…
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Je ne pense pas non-plus qu'il existe une réponse, c'est d'ailleurs l'un des principes de la foi : croire sans chercher de preuves (d'où le "Dieu existe, je l'ai rencontré" sur lequel on pourrait aussi débattre longuement).
Arghh !
Où l’on voit les ravages du jansénisme et du luthéranisme !
« Croire sans chercher de preuves » n’est en rien le moteur de la foi catholique orthodoxe. Augustin, pourtant lointain inspirateur de Jansénius et de Luther, disait : « comprends pour croire et crois pour comprendre ! » ("crede ut intellegas, intellege ut credas"). Il disait aussi : « aime fortement l’intelligence ! » ("ama intellectum valde").
Luther a en effet traité la raison de « put*** du Diable » (« Teuffels Hure »), et Pascal parle de la conversion en termes de théorie des jeux.
Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Comme je l’ai dit, l’existence de Dieu, par exemple, n’est pas un acte de « foi » au sens commun. On ne demande pas de croire à Dieu sans preuve et sans intelligence. La « foi » sans preuve concerne en réalité la
confiance que l’on peut accorder en la parole divine, et dans le plan, le dessein que l’on observe dans l’histoire de la révélation.
« Dieu existe, je l’ai rencontré », titre du livre d’André Frossard, concerne la mystique. Il y a deux voies pour « connaître » Dieu : la raison et la mystique. Les deux sont reconnues par l’Eglise. La voie de la raison est celle des théologiens, celle de Thomas d’Aquin, par exemple. Celle qu’a abondamment rappelé et magnifié Claude Tresmontant, aussi. La voie de la mystique est celle… des mystiques. Le contact direct avec Dieu est une expérience que l’on peut difficilement transmettre, et en aucun cas demander ou prévoir. L’Eglise ne s’y trompe pas, qui reconnaissait solennellement (je crois que c’était dans Vatican I) que l’expérience mystique ne pouvait et devait pas être employée pour convaincre un sceptique, car n’étant que du ressort de l’expérience privée, et donc, par nature, incommunicable.
Amicalement,
Logos