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Dans certaines religions, tout à un commencement.
En fait, pas dans
certaines religions, mais plus précisément dans le monothéisme hébraïque, pour lequel l’univers n’existe pas de toute éternité, mais est une création qui dépend d’un autre être : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ».
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Je me pose alors cette question car selon les chrétiens, Dieu à crée l'univers puis l'homme à son image. Dans ce cas, en toute logique, Dieu a été crée lui aussi. Mais par qui, ou quoi, telle est la question.
Non, justement, la création de Dieu ne s’impose pas logiquement. On part d’une constatation : le monde existe (réalisme), ou même : moi-même j’existe (solipsisme, idéalisme). Plus radicalement :
quelque chose existe. Partant de là, le néant n’a jamais pu être, puisque s’il y avait eu une fois le néant, alors il y aurait « toujours » eu le néant.
Il y a donc un être au moins qui
est, de manière nécessaire. Toute la question est de savoir quel est cet être nécessaire, qui dispose de l’auto-suffisance ontologique (qui ne dépend de rien d’autre pour être). L’idéalisme et le matérialisme disent, selon des modalités différentes : c’est l’univers. Le monothéisme hébraïque dit : c’est ce que nous nommons Dieu.
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c'est les hommes qui ont crée la notion de dieu et qui lui ont donnée une image d'homme pour expliquer ce qu'il comprennent pas....
moi je pense que dieu c'est la conscience de l'univers et qu'il existe vraiment mais n'a pas l'aparence que les gens lui donnent.........
Ah, il y a contradiction entre les deux phrases. Est-ce que « Dieu » (quoi qu’il puisse être) est une création humaine, ou bien existe-t-il ?
Le Dieu judéo-chrétien n’est pas fondamentalement un dieu anthropomorphique, comparé aux dieux des panthéons polythéistes, car, philosophiquement, il diffère radicalement d’eux : il est incréé, il précède absolument l’univers et l’homme, il n’est pas représentable, et n’a donc pas figure humaine (même s’il fait l’homme à son image, ce qui est autre chose).
Si vous pensez que Dieu est la conscience de l’univers, alors vous vous situez dans la philosophie panthéiste, qui est essentiellement la même que celle qui sous-tend les religions extrême-orientales (hindouisme, bouddhisme). Il est symptomatique de constater que dès que le Dieu judéo-chrétien s’efface, on retourne au galop, et naturellement, vers le monisme. Il y a cinquante ans, on se dirigeait vers le monisme matérialiste (prestige du marxisme oblige). Aujourd’hui, on revient au monisme acosmique, idéaliste. D’où la vogue actuelle pour le bouddhisme et les spiritualités extrême-orientales.
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Et sinon je rajouterais: "on n'existe que dans le souvenir des autres"
Esse est percipi ?
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Cependant, ayant reçu une éducation catholique (salésienne pour être exact) il me semble me souvenir que la Bible nous apprend que Dieu s'est créé lui-même.
Négatif. Il n’y a pas dans le monothéisme hébraïque orthodoxe (donc judaïsme et christianisme) de théogonie, de spéculation sur la nature et l’origine de Dieu. On ne lui reconnaît que des caractéristiques métaphysiques.
La Kabbale, dans le Judaïsme, ou bien la Gnose, dans le Christianisme, sont des doctrines hétérodoxes qui cherchent à savoir, précisément, ce qu’il en est de Dieu en sa nature. Pour ce faire, elles ont recours, non au rationalisme philosophique (méthode orthodoxe), mais à la mystique et à la spéculation. Dès lors, il n’est pas étonnant de constater que ces courants rejoignent les idées idéalistes, néo-platoniciennes, etc.
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Même d'un point de vue religieux on peut développer la thèse "l'homme a créé Dieu" en se basant sur le principe qu'un être seul n'existe que pour lui-même et que ce n'est que lorsqu'il a créé Adam qu'il a commencé à exister.
Non, car avant de créer l’homme, Dieu a créé l’univers. Et dès lors, dès le Big Bang, il y avait objectivement deux sortes d’êtres : de l’être créé (l’univers) et de l’être incréé (Dieu).
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La notion de verbe a également son importance, le nom de Dieu est tabou dans de nombreuses religions.
Si les Juifs, en effet, ne prononcent pas le nom YHVH, c’est pour des raisons de respect poussées à l’extrême (il n’en fut pas toujours ainsi). Cependant, le nom YHVH lui-même n’a rien de mystérieux, puisqu’il exprime, philosophiquement, la nature même de Dieu, à savoir
l’être. Quand Dieu répond à Moïse, qui lui demande son nom : « Je suis celui qui est », il veut dire par là que lui seul peut dire, de manière absolue : « je suis », « je dispose de l’être sans le tenir de quiconque ».
C’est là l’illustration du fossé ontologique qui sépare Dieu, créateur incréé, de l’homme, créature (et sous-créateur) créée.
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Nous avons l'habitude d'appréhender le monde comme un ensemble existant, ayant un début et une fin.
Nous avons cette habitude parce que c’est le réel lui-même qui nous montre qu’il est un cycle incessant de débuts et de fins. Je veux dire : ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est tiré de l’observation de l’univers.
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J'aime assez la description du néant dans le livre "L'histoire sans fin", il le décrit en expliquant ce qu'il n'est pas. En fait il est l'opposition de quelquechose qui est, justement. Ce n'est pas un trou, ce n'est pas du noir c'est le néant.
Bergson, dans
l’Evolution Créatrice, fait une réfutation en règle de l’idée de néant (au sens de néant absolu), montrant qu’il n’est que
flatus vocis, chose inexistante par nature et donc non représentable.
Wittgenstein, lui, dit de manière plus péremptoire que « sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence ».
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Pour moi, Dieu serait un peu la force soutendant toute existence dans l'Univers, un force qui serait présente partout, en chaque être et en chaque chose. Il/elle donne un sens à l'Existence toute entière, c'est-à-dire qu'il est le pourquoi, mais également le but de toute existence. C'est le Tout absolu, chaque fil reliant chaque être...
Le temps ne vaut que pour un monde matériel et entropique ( qui tend vers sa destruction ). "Dieu" est en lui-même une dimension néguentropique ( qui croît éternellement ), une force baignant la Vie, une force qui est la Vie.
De fait, Dieu est également en nous comme en chaque chose ( excepté peut-être mon PC, mais ça c'est une autre histoire... )
Finalement... le Tout est aussi difficile à appréhender que le rien...
C’est encore une vision moniste. Là, fondamentalement, il n’y aucune différence substantielle entre l’univers et moi. « Tat tvam asi », « toi aussi, tu l’es » (l’univers, le Tout, l’Un).
Le monothéisme ne nie en aucun cas une présence immanente de Dieu dans l’univers (la prière hébraïque du matin exprime le fait que la Création est une chose continuée, et non ponctuelle). Mais il ajoute une dimension transcendante, celle précisément du gouffre ontologique dont je parlais : Dieu et l’univers, deux êtres qui ne sont pas consubstantiels.
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Je pense que Dieu est une pensée amoureuse et créatrice, omniprésente et omnipotente, dont le caractère principal est de n'avoir ni commencement, ni fin. C'est une pensée qui se confond avec sa propre création dans la mesure où le Père et l'Univers ne forment qu'un tout.
C'est encore une pensée moniste.
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Ben oui l'évolution, au cours du temps les espèces se modifient, en remontant a partir de la poule on retrouve ses ancêtres etc etc jusqu'aux micro-organismes et aux premiers réplicateurs...
Et par l’observation du fait de l’évolution, on observe toute une pyramide de la complexité, établie selon les lois proportionnellement inverses de compréhension et extension, depuis les quarks jusqu’à l’homme (l’être le plus complexe), en passant par les noyaux, les atomes, les molécules, les bio-molécules, les être unicellulaires, multicellulaires.
L’univers s’organise dans le temps, selon une loi de complexité croissante, qui franchit certains seuils. D’abord, évidemment, le seuil primordial du commencement. Ensuite, bien plus tard, le seuil de la vie. Puis ensuite, plus tard encore, le seuil de l’intelligence, puis de l’intelligence réfléchie.
Si l’univers est le seul être et qu’il a existé de toute éternité, alors, puisqu’il ne peut logiquement pas se donner quelque chose qu’il n’a pas, cela veut dire qu’il possédait de toute éternité la vie et l’intelligence. Pourtant, dans notre univers, ni la vie ni l’intelligence n’ont existé de toute éternité, puisque l’on sait qu’il y a eu des périodes où ni l’un ni l’autre n’existaient (quelques instants après le Big Bang, par exemple)...
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Al-kim, si ça peut répondre à ta question, se poser "des questions comme ça" est l'une des différences fondamentales entre l'homo sapiens et l'homo sapiens sapiens. Et s'intéresser à la théologie ou à la philosophie n'empêche en rien d'avoir une vie sociale et affective saine et épanouie.
On ne saurait mieux dire, merci !
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1/Dieu a crée l'univers, toutes choses
2/toute chose crée vient de dieu
3/donc Dieu a crée Dieu
Ce syllogisme n'en est pas un. Les deux prémisses sont en fait deux formulations différentes (l'une à la voix active, l'autre à la voix passive) d'une même chose, à savoir : "Dieu = créateur ; Univers = créature".
La conclusion, elle, est totalement abusive. D'abord, techniquement, on ne peut pas tirer de conclusion logique des deux (fausses-)prémisses qui précèdent. Ensuite, et surtout, cela reviendrait à inclure Dieu dans l'ensemble des choses créées, et donc, à enfreindre une loi logique fondamentale, celle de non-contradiction. En effet, on sous-entendrait que, d'une part, Dieu est le créateur de l'univers, et que d'autre part et en même temps, Dieu est une chose créée. Or, on ne peut pas être, sous le même rapport, une chose et son contraire.
De plus, on ne peut pas se créer soi-même. Pour créer, il faut déjà exister. Or, si l'on existe, il n'est plus la peine de se créer...
Amicalement,
Logos