nyarlathotep-np a écrit:
Je n'avais pas vu ce sujet... Ca tombe bien, j'ai quelques commentaires à faire.
Citation:
Peut-être... mais ne s'agit-il que de croyances ?
J'ai beaucoup de difficultés avec ce mot et son usage... La "croyance" est une catégorie rarement positive, plus souvent péjorative : elle sert fondamentalement d'accusation lancée contre les naïfs et les crédules. Nous savons, eux ne font que croire.
C'est pourquoi j'aime bien rappeler que la croyance fait partie de la condition humaine. Elle est inévitable car nous ne sommes aucunement en mesure de tout expliquer, ni même de vérifier la justesse de toutes les théories rationelles exposées avant nous. Cela rend humble, de réaliser que nous n'échappons ni à la croyance ni aux
conditionnements (
condition humaine...).
nyarlathotep-np,
Je persiste à dire que le mot "croyance" est un mauvais mot. Il s'agit avant tout d'un artéfact conceptuel résultant de la scission entre
savoir et
croyance, où le premier terme est valorisé au détriment du second. Tu n'as qu'à jeter un coup d'oeil à n'importe quel texte scientifique : quand le mot "croyance" y est utilisé, c'est toujours comme repoussoir ou pour désigner un état des connaissances dès lors qualifié de périmé. D'ailleurs, tu introduis toi-même celle-ci en l'opposant à la "vérification de la justesse des théories rationelles"...
Et puis, dans les débats autour du "paranormal" (un autre très mauvais terme), c'est toujours de cette façon qu'est utilisée la "croyance" : ce n'est pas un argument mais une arme que l'on fourbit contre ses adversaires afin de miner leurs positions.
Il existe bien quelque chose comme un "besoin de croire" mais il serait plus juste de le désigner comme un "besoin de faire sens, de donner un sens". Qu'il s'agit du mystère de la vie, de l'angoisse de la mort, de l'absurdité de l'existence, de la folie humaine ou de l'irruption de phénomènes étranges, anomaliques et inexplicables, il nous faut toujours trouver et donner un sens à tout cela.
La raison ne vient toujours qu'après : elle controuve, contrôle, systématise, régularise la pensée... mais elle ne pose jamais rien de
nouveau. Pourquoi ? Parce que toute nouvelle découverte, toute nouvelle théorie ou hypothèse, tout nouveau sens proposé transgresse, par définition même, les paramètres de la pensée ancienne.
Les phénomènes dits paranormaux donnent un bel exemple de cette tension entre la pensée créatrice et la raison. Confrontés à cette dernière classe de phénomènes, les rationalistes, sans génie qu'ils sont, essaient de tout ramener au déjà connu - comme si nous savions tout ce qu'il y a à savoir et comme s'ils savaient de toute éternité de quoi se compose notre monde. Ce faisant, ils se font maîtres et détenteurs du
sens, d'un sens déjà donné.
Inutile de dire que la science ne se fait pas comme ça. Et si elle se faisait comme ça, nous en serions encore réduits à répéter les syllogismes d'Aristote