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 Sujet du message: Notre culture est égypto-chrétienne
MessagePosté: Dim Janvier 09, 2005 16:53 
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Livre Christiane Desroches-Noblecourt publie un ouvrage sur l'héritage culturel et spirituel de l'Egypte ancienne.
«Notre culture est égypto-chrétienne»
Anne-Marie Romero
[08 janvier 2005]

Christiane Desroche-Noblecourt, la plus illustre de nos égyptologues, n'a jamais eu peur de bousculer les idées reçues, ni de choquer. Aussi est-ce avec une grande assurance que la vieille dame «indigne», qui vient de fêter ses 91 ans et n'a rien perdu de son esprit critique, se permet d'affirmer, en conclusion de son dernier ouvrage, Le Fabuleux Héritage de l'Egypte (1) : «Contrairement à ce que nous répétons, nous ne vivons pas dans une culture judéo-chrétienne, mais égypto-chrétienne. Les Juifs et la Bible n'ont contribué en rien à l'édification du christianisme. Tout ce qu'ils nous ont légué leur venait des Egyptiens.»


Ce livre, elle l'écrit en fait «depuis 60 ans», dit-elle avec son inaltérable humour. «Arrivée à mon âge, on jette un regard synthétique sur les choses que l'on a étudiées de près durant toute une vie, et alors apparaissent les évidences.» Le propos de l'égyptologue qui fit déplacer des montagnes pour sauver les temples de Nubie, qui fit rendre les honneurs militaires à la momie de Ramsès II, venue se faire «soigner» dans un hôpital français, son propos donc était de faire l'inventaire, «après vérification», de tout ce qui, dans notre vie quotidienne, est hérité de la civilisation égyptienne.

Et le legs est bien plus riche qu'on ne le croit, à commencer par le calendrier et l'alphabet. «Alors que tous les peuples de l'Antiquité suivaient un calendrier lunaire, explique-t-elle, les Egyptiens étaient les seuls à suivre un calendrier solaire, de 12 mois de 30 jours, auxquels s'ajoutaient quatre jours «épagomènes», vers la mi-juillet, et une journée entière tous les quatre ans.» Ce calendrier, Jules César eut l'intelligence de l'adopter. L'Eglise, ensuite, le conserva, ne modifiant que la date du jour de l'An, jusqu'alors fixée au 18 juillet, jour de l'arrivée de la crue du Nil.


«Si les Egyptiens avaient adopté ce calendrier, c'est parce qu'ils étaient logiques et avaient un sens aigu de l'observation de la nature. Ils avaient commencé à compter les jours de l'inondation, ceux de la décrue et ceux de la canicule et avaient abouti à leurs trois saisons de quatre mois chacune. Et ce partage des jours a eu une influence incalculable sur leur vie, leur culture et même leurs croyances.»

Entre autres héritages profanes, il faut signaler le jeu de l'oie, qui nous a été transmis quasiment sans modification, la fabrication des briques et les étonnantes avancées de la médecine égyptienne, reconnue à l'époque dans tout le Proche-Orient : leurs médecins avaient découvert la méthode de la prise du pouls au moyen de la clepsydre qui servait d'horloge, les tests de grossesse, le traitement de la cataracte – dont le nom avait le même double sens qu'en français –, les phénomènes de la migraine et une foule de traitements ophtalmiques.


Le second grand legs profane est l'alphabet. Pour Mme Desroches-Noblecourt, il ne fait aucun doute que «son principe est né du contact entre ouvriers égyptiens et bédouins qui travaillaient dans les mines de turquoise». Etonnés devant ces signes hiéroglyphiques, elle pense que les Bédouins de Canaan ont interrogé les Egyptiens et appliqué à leur propre langue le principe d'«acrophonie» (2) qui préside à un grand nombre de hiéroglyphes. «Ils ont ensuite rapporté ce système bien plus pratique que l'écriture cunéiforme dans leur pays où il est entré en contact avec les Doriens de la guerre de Troie, descendant d'Anatolie, qui l'ont eux-mêmes transporté jusque dans le Péloponnèse.»


Mais c'est dans le domaine spirituel que les énigmes et les rapprochements sont les plus nombreux et les plus troublants. Les énigmes, d'abord : sur l'histoire de Joseph que relate abondamment la Genèse, elle a une théorie bien étayée : «Comment un pharaon égyptien aurait-il eu besoin d'un jeune étranger pour lui expliquer le songe des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, alors que le dernier des fellahs connaissait ce rythme des bonnes crues et des mauvaises crues. Il faut donc croire que le pharaon en question était un Hyksos, autrement dit un sémite qui ne connaissait ni le climat ni le pays, et qui a fait entrer les Hébreux en grand nombre sur le sol égyptien.»

Autre grand point d'interrogation : «Pourquoi Marie, Joseph et l'Enfant Jésus fuient-ils précisément en Egypte alors que, de Nazareth, ils étaient à deux pas de l'actuelle Syrie ? Et la Bible ne nous dit quasiment rien de ces années d'étude et d'apprentissage que Jésus dut connaître dans ce pays qui régnait alors sur tous les autres par ses connaissances scientifiques et spirituelles».


Quant aux rapprochements iconographiques et dogmatiques, ils sont si nombreux que l'égyptologue dit : «Le fond christique existait en Egypte» et elle en donne de multiples preuves. Elle mentionne notamment une charmante scène nilotique, souvent rencontrée en contexte funéraire, où l'on voit un homme ou un couple en train de pêcher sur une seule ligne deux petits poissons, toujours les mêmes, le tilapia et le lates. Ils n'évoquent pas la vie bucolique que l'on imagine, mais signifient l'âme d'hier et l'âme de demain, celle de la vie terrestre et de l'au-delà. Or on connaît bien la symbolique du poisson chez les premiers chrétiens et Mme Desroches-Nobleclourt ajoute : «Ces deux mêmes poissons, toujours retenus par la même ligne, constituent le deuxième signe du grand zodiaque... du Christ en majesté dominant le narthex de la basilique de Vézelay».


De même que saint Georges terrassant le Malin, martyrisé près de l'actuelle Tel-Aviv, trouve son archétype dans un Horus harponneur de l'hippopotame, symbole du mal, saint Christophe, patron des voyageurs, a pour prototype Anubis, le conducteur des âmes préparées pour le Grand Voyage. Et les exemples abondent, «à commencer par la cérémonie de l'ouverture de la bouche et des yeux pratiquée sur un nouveau pape lors de son intronisation, telle que les Egyptiens la faisait subir à un défunt avant son inhumation».


Sachant qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre l'abondance du panthéon égyptien, Christiane Desroches-Noblecourt se dit convaincue que la divinité suprême – ce que la reine Hatschepsout avait pressenti avant Akhenaton – était une seule force divine, celle de la conjonction du dieu soleil, Amon-Rê, et de la déesse mère Isis, facteurs fécondants de la terre d'Egypte. «La théogamie, l'union d'un dieu et d'une mortelle, qu'évoquent Hatshepsout dans son temple de Deir-el-Bahari et d'autres grands pharaons pour justifier leur essence divine, n'est rien d'autre que l'Annonciation et Marie, la fille spirituelle de la grande Isis dont le culte a fonctionné jusqu'en Gaule pendant des siècles.»

Le plus extraordinaire enfin est le rapprochement qu'elle propose entre la décoration intérieure d'un sarcophage conservé au Louvre et le narthex de la basilique de la Madeleine de Vézelay. Dans le sarcophage, explique-t-elle, la déesse Nout apparaît entourée par un zodiaque qui commence, en bas à gauche, par les deux derniers signes de la saison «printemps-hiver» égyptienne, le Verseau et les Poissons, monte jusqu'à la tête de la déesse où sont peints les jours épagomènes, c'est-à-dire l'arrivée de la crue, en juillet, et redescend sur le flanc droit jusqu'au dernier signe, le Capricorne. Contrairement à l'Occident chrétien, qui commence toujours par le Bélier et s'achève par les Poissons.

«Or, à Vézelay, le grand zodiaque de pierre reproduit exactement celui du sarcophage du Louvre. Et au-dessus de la tête du Christ, trois médaillons représentent trois étranges personnages enroulés sur eux-mêmes : un chien, un homme emmailloté et une sirène. Le chien, c'est l'étoile Sotis qui annonce la crue, toujours appelée la «petite chienne», l'homme n'est autre qu'Osiris, symbole de renaissance, et la sirène, femme-poisson, annonce l'arrivée de la crue...»

(1) Le Fabuleux Héritage de l'Egypte de Christiane Desroches-Noblecourt. Editions Télémaque, 24,50 €. (2) Acrophonie : attribution à un idéogramme de la valeur phonique du premier son du terme qu'il sert à figurer. Exemple : A pour âne.

Notre culture est égypto-chrétienne


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