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Vol 19 : Voyage vers l'Enfer

Disparition d'avions dans le triangle des Bermudes.

Par DRAGON

Cinq décembre 1945, 14h10, base de Fort Lauderdale au nord de Miami, sur la côte Est de la Floride. Le lieutenant instructeur Charles Caroll Taylor, âgé de vingt-huit ans, dirige un groupe de pilotes et équipages inexpérimentés, l'ensemble des équipes totalisant 14 hommes. Il s'agit d'un vol d'entraînement de navigation à proximité des îles Hens et Chickens à l'Est de la côte américaine. Temps de vol approximatif deux heures. Tous les avions ont le plein de carburant, compas, radios et autres instruments sont en parfait état de fonctionnement, "check list ok", "all clear". Les cinq puissants appareils torpilleurs monomoteurs s'arrachent de la piste de toute la puissance de leurs 1700 chevaux dans un bruit d'enfer. Ces hommes ne savent pas qu'ils sont en route vers leur destin fatal et qu'ils ne reverront plus jamais la terre ferme.

Description de la mission

Autorisation de vol d'entraînement à la navigation avancée de type "overwater", exécuter le plan numéro un "problème de navigation". Départ à 26°03'N - 80°07'W, cap à 091° sur une distance de 56 miles vers l'objectif (épave navire). Exécuter un bombardement à basse altitude sur l'objectif. Ensuite reprendre le cap au 091° en parcourant une distance de 67 miles. Virage à 346° parcourir 73 miles. Pour terminer un dernier virage à 241° pour parcourir les 120 miles pour rentrer à la base de départ. Donc rien de bien compliqué pour un pilote.

Vol 19 : Voyage vers l'Enfer : Le Grumman TBM Avenger.
Le Grumman TBM Avenger.

L'appareil

Le Grumman TBM Avenger, une machine solide et fiable qui a fait ses preuves dans le Pacifique. On peut compter dessus, il peut emporter trois hommes d'équipage et est équipé d'un moteur Wright R-2600- 8 Double Cyclone à 14 cylindres en étoile refroidis par air de 1700 chevaux au décollage. Il vole à 415 km/h à 3650 mètres, et à une vitesse de croisière de 390 km/h. Il a une autonomie de 1780 km avec une torpille et 3750 km sans charge offensive. Les TBF-1D, TBM-1D, TBM-3D et TBM-3E ont le radar de recherche RT-5/APS-4, qui fonctionne sur la longueur d'onde de 3 centimètres et est installé sous l'aile droite.

Voilà donc un avion solide, fait pour attaquer les navires de guerre et les torpiller, sous la DCA ennemie, il a été conçu pour "encaisser" des mauvais coups et il est tout sauf fragile.

Les équipages

D'après le rapport officiel de l'US Navy, l'expérience des pilotes et la mission de l'équipage ont été mal présentées. Les quatorze membres des équipages sont en mission de formation sur la côte de Floride. Quatre des cinq pilotes et huit des neuf hommes des équipages sont des élèves et non des hommes expérimentés comme souvent raconté dans cette histoire. Le pilote leader le lieutenant Charles C.Taylor est instructeur de vol et un pilote expérimenté, mais n'est pas familiarisé avec la zone des Bermudes.

Histoire du désastre

Personne ne sait rien du déroulement de la mission avant le commencement des communications radio dramatiques qui ont annoncé le début de la tragédie. Il faut bien comprendre qu'en 1945, les avions sont loin d'avoir l'équipement de nos machines actuelles, dont notamment le GPS, il est presque impossible de nos jours à un pilote de se perdre, si son équipement de navigation est en ordre et est employé correctement. En 1945, pour un avion voler au-dessus de la mer, le pilote doit connaître son point de départ, combien de temps et la direction vers laquelle il a volé. S'il fait une erreur dans ses calculs de navigation, au dessus de l'océan sans aucun point de repère, il est perdu !

Il y a environ une heure et demie que le vol 19 a quitté la base, le Lieutenant Robert Cox intercepte une transmission radio du leader Charles C Taylor. Ce dernier indique que les compas (boussole) ne fonctionnent pas, mais qu'il pense être quelque part au dessus des Florida Keys (les Florida Keys sont une longue chaîne d'îles au Sud de la Floride), à noter que les Avengers ne sont pas équipés d'horloge de bord, et que le leader n'a pas de montre ! (C'est du moins ce qui est admis comme réel).

Les transmissions radio sont fortement perturbées à ce moment par des stations radios commerciales émettant de Cuba, ce qui n'arrange rien à la situation qui doucement va virer au drame. Sur base des indications de Taylor, le lieutenant Cox l'invite alors à voler vers le Nord, vers Miami, s'il est sûr qu'il est au-dessus des Florida Keys. Mais apparemment le leader est déjà arrivé à un point de confusion tel qu'il ne sait vraiment plus déterminer sa position. C'est pourtant un pilote expérimenté, il commet alors une méprise fatale, il pense être au-dessus des Florida Keys, mais en réalité, il se trouve au-dessus des Bahamas !

Et voilà l'erreur mortelle qui se commet, en virant vers le Nord au-dessus des Bahamas au lieu des Florida Keys, Taylor entraîne sa formation, assurément vers le Nord, non vers les terres salvatrices de Floride, mais en direction de la pleine mer ! Le leader ne s'est pas rendu compte avoir volé aussi longtemps à l'Est vers les Bahamas, pour une raison indéterminée il croit s'être dirigé vers le sud, vers les Florida Keys. Cette pensée à laquelle s'est fermement accroché Taylor pour le reste du vol va avoir des conséquences fatales.

A 16h45, pour le personnel tentant de le guider par radio, les raisons de la perdition de Taylor entraînant ses hommes avec lui étaient devenues évidentes. Il est invité à passer le commandement du vol à un de ses élèves, mais il a apparemment refusé. Et pendant ce temps, l'éloignement progressif rend les communications de plus en plus faibles.

Le soleil doit se coucher à 17h29, et la situation est au plus grave, le crépuscule approche, le personnel constate avec horreur que le Lieutenant Taylor et ses appareils n'ont aucune idée de leur position et qu'ils sont complètement perdus. De plus les interférences atmosphériques des signaux radio s'intensifient avec le coucher du Soleil et les communications deviennent presque impossibles. A ce moment, ils entendent le Lieutenant Taylor hurler qu'ils volent au Nord- Nord-est pendant une courte période, puis feront route au Nord.

A 17h15, un bref message de Taylor annonce, dirigeons maintenant vers l'Ouest, une autre communication entre les avions captée au sol émanant du leader dit, qu'ils doivent se joindre, et que dès que l'un d'entre eux manque de carburant, ils descendent tous ensemble. Le soleil est maintenant couché sur Fort Lauderdale, de plus, un mauvais temps se déplace vers le Nord et la situation est en pleine urgence. Absolument plus personne n'est capable de savoir où se trouve le vol 19 et les spéculations vont bon train pour savoir où ils peuvent être.

A 18h00, pendant une courte période les communications s'améliorent, le leader est invité à commuter sa radio sur 3000 kilocycles, la fréquence de secours, il refuse de crainte de perdre le contact avec sa formation. Hélas, les interférences des radios commerciales cubaines qui continuent de plus belle perturbent la liaison chancelante due à la charge statique et aux conditions atmosphériques, le vol 19 est coupé du reste du monde !

Le centre d'évaluation de frontière de mer ComGulf, pense qu'il à la position approximative du vol, soit à l'Est de la nouvelle plage de Smyrna en Floride, et loin au Nord des Bahamas.

Il faut remarquer que contrairement à ce qui a parfois été rapporté, depuis le début des difficultés, le temps est maussade, il pleut et le soleil a été plutôt rare.

A 18h20, il est enfin décidé d'envoyer du secours pour tenter de retrouver le vol 19, il s'agit de la formation 49, un hydravion Mariner, qui se dirige vers la supposée dernière position des appareils en perdition.

A 19h04, la dernière transmission du vol 19 est entendue, puis plus rien, la nuit d'encre de la pleine mer et les éléments déchaînés se referment sur la formation en détresse. Les avions ont du carburant pour voler jusque 20h00 !

Le sort s'acharne sur les équipages du vol 19 et la formation 49, le Martin Mariner en mission de secours, ne s'est pas rendu au point programmé et toutes les communications radio avec l'appareil sont interrompues, une nouvelle angoisse vient s'ajouter à l'inquiétude déjà au paroxysme des membres au sol.

A 19h50, l'équipage d'un bateau rapporte avoir vu une énorme boule de feu provoquée par l'explosion d'un avion. Il se rend sur les lieux et découvre une grande tache de pétrole, et ce qui ressemble à des débris d'avion, aucune trace des corps des membres de l'équipage à la surface. L'équipage du navire abandonne rapidement les recherches, les conditions météorologiques sont devenues épouvantables, il est impossible à n'importe qui de récupérer quoi que ce soit, mais nul doute qu'il s'agisse du Mariner. La position du crash est : 28°59'N - 80°25' W.

Cet avion à la réputation d'être une "bombe volante" qui peut exploser à la moindre étincelle, la spéculation sur sa disparition est la suivante, l'un des hommes de bord, ignorant que la carlingue contient des vapeurs d'essence allume une cigarette, provoquant l'explosion de l'appareil en plein vol !

Et le vol 19 ? Continuant à errer en pleine tempête, dans la nuit, sans point de repère, la fin est inéluctable. A court de carburant, ils s'abîment dans les flots glauques et bouillonnants, en plein orage, engloutis par des vagues atteignant 50 pieds de haut et sont probablement envoyés par le fond en quelques secondes.

Il est possible que le Lieutenant Taylor se soit trouvé dans la région de Freeport, car il est improbable qu'il confonde les Bahamas avec Florida Keys, vu la différence de taille et même Freeport est nettement plus grand. A remarquer également, l'importance des distances entre les terres éparpillées dans cette zone.

Il faut effectivement que les conditions météorologiques aient été mauvaises pour se perdre et ne pas pouvoir voler à vue. Au niveau de la mer l'horizon forme un cercle parfait or la distance en kilomètres de l'observateur à l'horizon est obtenue en multipliant l'altitude de l'observateur exprimée en mètres par 12,5, puis en prenant la racine carrée de ce produit. Si Taylor avait eut une excellente visibilité, en prenant de l'altitude, il aurait eut de fortes chances de trouver un point de repère.

Toutes les vastes recherches entreprises par des bâtiments de surface et les avions pour les retrouver menées jusqu'au soir du 10 décembre 1945 se sont avérées négatives, rien n'a permis de localiser l'endroit exact de la disparition du vol 19, ni retrouver la moindre épave. Les recherches ont été abandonnées tant la mer était mauvaise. Il est supposé qu'ils se sont écrasés quelque part à l'Est de la péninsule de Floride.

La position du vol 19 ?

En 1991, cinq Avengers ont été retrouvés par 600 pieds de fond, le long de la côte de Floride par un bateau de récupération. L'examen des avions a prouvé que ce n'était pas le vol 19. A ce jour l'endroit où repose les avions et leurs équipages est toujours le secret du Triangle des Bermudes.

Conclusion

Comment cette tragédie s'est-elle transformée en mystère du Triangle des Bermudes ? Après enquête et recherches, la Marine à conclu à l'accident, provoqué par la confusion de Taylor. La mère du leader a refusé d'accepter cela et finalement a réussi à obliger la Marine à changer le rapport et l'erreur humaine a été modifiée en causes ou raisons inconnues. Cela a épargné les sentiments de cette femme, mais a brouillé les faits réels, le mystère du vol 19 était né.

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Une part de mystère

Des questions

Pourquoi tous les compas des avions ne fonctionnaient-ils pas ? En effet cinq avions cela fait cinq compas de navigation, ce serait une invraisemblable coïncidence que tous tombent en panne en même temps !

Pourquoi, le Lieutenant Charles C.Taylor, n'avait-il pas sa montre, alors qu'il sait pertinemment qu'il n'y a pas d'horloge dans le cockpit de l'Avenger ? Il sait qu'il a besoin de chronométrer ses temps de vol pour ses calculs de navigation ! Pourquoi les élèves pilotes, déjà confirmés puisqu'ils volent seuls, ne sont -ils pas capables de faire une navigation qui est la base élémentaire du pilotage, en qualité d'élèves rien ne les dispensaient de faire leur propre navigation en parallèle avec le leader. Avaient-ils tous également oubliés leurs montres ?

Pourquoi, lorsqu'il s'est rendu compte qu'il était sans boussole et risquait la perdition, le Lieutenant Charles C Taylor n'a t'il pas fait un 180° pour voler en sens inverse ? En regardant sa jauge de carburant, et connaissant la consommation moyenne de son avion, sa vitesse de croisière, il pouvait estimer son temps de vol et la distance parcourue, certes d'une façon approximative, mais néanmoins sur des bases concrètes et mathématiques et non intuitives. N'oublions pas que ce leader était un pilote expérimenté.

Pourquoi n'a-t-on pas lancé des recherches dès le début, au moment où l'on savait qu'ils étaient bel et bien en état de perdition, mais avaient encore assez de carburant. Plusieurs avions auraient pu décoller en prenant chacun une des directions des supposées positions afin de tenter de les retrouver et de les ramener. Il semble bien que là aussi, il y a eut une lenteur de réaction qui n'a pas arrangé la situation.

En réalisant ce dossier, je tentais d'établir que la disparition du vol 19, n'avait rien de mystérieux et était finalement un drame de l'aviation. Et puis en fin de parcours toutes ces questions sont apparues d'elles-mêmes sans les chercher. Le fait que l'on ne sache pas donner des réponses nettes à des questions aussi simples, finalement renforce peut-être le Mystère du Triangle des Bermudes.

Rien ne "colle" vraiment dans cette sombre histoire, plus on scrute les faits, plus on se rend compte que des zones d'ombres subsistent, il est aussi possible que toutes les communications radio n'aient pas été rapportées.

Peut-on raisonnablement envisager que le Lieutenant Taylor, un pilote confirmé, responsable de la vie des hommes de sa formation, soit parti en mission sans le plus élémentaire des matériels pour voler soit : sa montre, une carte de la région et son plan de vol. Ensuite peu importe que son compas de navigation tombe en panne, les avions sont équipés maintenant comme à cette époque d'une boussole au tableau de bord qui est justement destinée à naviguer " à l'ancienne " en cas de panne du compas et de la centrale de navigation!

Il faut bien admettre que s'ils se sont perdus, c'est que les compas et les boussoles ne fonctionnaient plus et qu'elle est donc la cause de ce dysfonctionnement généralisé ? Une multitude de facteurs sont venus s'ajouter à cela, et là il faut bien dire qu'ils ne sont en rien mystérieux. Les éléments atmosphériques déplorables les ont empêchés de prendre un repère visuel tant qu'il faisait jour, et quand le soleil s'est couché plus rien ne pouvait les sauver. Les mauvaises liaisons radiophoniques, suite à la distance, le mauvais temps, et les intrusions des radios commerciales cubaines n'ont fait qu'aggraver la situation.

On peut s'imaginer la détresse des ces hommes, dans un avion, le carburant diminuant sans cesse, enveloppés par la nuit noire déchirée par les éclairs de l'orage, la tempête secouant les appareils comme des brindilles, sans moyen de navigation matérielle, ni point de repère possible, ils savaient pertinemment qu'ils allaient mourir en s'écrasant sur une mer en furie. Ils se sont battus jusqu'au bout, contre le destin et les forces de la nature, mais cette fois les hommes ont perdu !


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La légende du triangle des Bermudes

En 1952, un journaliste s'étonne, dans une revue confidentielle, du nombre inhabituel d'accidents survenant dans un périmètre compris entre Porto Rico, la Floride et les Bermudes. L'hypothèse d'un phénomène paranormal refait surface en 1964, le climat de l'époque étant favorable à toutes les élucubrations. Un article d'Argosy Magazine où l'auteur Vincent Gadis emploie pour la première fois l'expression Triangle des Bermudes. Ce dernier affirme que de nombreuses disparitions d'avions et de bateaux, dans ces mers étranges, sont inexpliquées.

L'idée chemine dans les esprits, de 1969 à 1974, des livres et des documentaires sont consacrés à cette légende. On suppose que des êtres technologiquement supérieurs, d'une grande intelligence, s'emparent des avions et des bateaux ! Les extraterrestres sont associés à ce phénomène et malheur à qui s'aventure dans la région. En fait, il n'en est rien, cette région du globe étant très fréquentée, et la météo changeant rapidement, les courants marins difficiles, font qu'il y a des accidents, mais pas plus qu'ailleurs.

En vérifiant les archives de la Lloyd's de Londres, qui analyse les naufrages et les fortunes de mer, des chercheurs assidus prouvèrent qu'il n'y avait pas plus d'accidents maritimes dans cette zone que dans le reste de l'Atlantique.

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